Désert, exposition personnelle de Stéphane Thidet

Publié le 21 décembre 2016

À la fois sombre et émerveillé, le monde de Stéphane Thidet offre des visions distordues de la réalité, imprégnées de fiction et de poésie.

D'un soleil à l'autre
Stéphane Thidet, dont on a pu voir récemment des œuvres au Palais de Tokyo (Inside en 2014), au Collège des Bernardins (Solitaire au printemps 2016), au MAC VAL (L’effet Vertigo en 2015 puis à nouveau jusqu’en avril 2017) et à la Nuit Blanche 2016 présente Désert, sa nouvelle exposition personnelle, à l’abbaye de Maubuisson jusqu’au 27 août 2017.

Le travail de Stéphane Thidet tient à la fois de la sculpture et de l’installation. Pour son exposition à l’abbaye de Maubuisson, l’artiste a pensé trois œuvres contextuelles qui ont pour point commun leur rapport au sol, au paysage, au géologique et à une idée de l’épure en écho à cet ancien monastère cistercien.

En investissant ces espaces, Stéphane Thidet s’est intéressé à ce qui constitue l’essence même de ces lieux, à savoir la retraite, la prière et l’introspection. L’image du désert en est le miroir, comme espace mental de paix, d’isolement, de méditation, de silence, d’éternité et de contemplation. Parcourir le désert, c’est affronter le vide, l’inconnu, avoir l’impression d’être à la naissance du monde…

Dans la salle des religieuses de l’abbaye, Un peu plus loin, une installation conçue spécialement pour le lieu, évoque le lac asséché californien Racetrack Playa connu pour ses rochers qui se déplacent mystérieusement à sa surface. Comme souvent dans le travail de l’artiste, ses installations ne sont pas praticables. Stéphane Thidet nous veut spectateurs de ses œuvres qui ici sont tout autant de paysages autour desquels nous déambulons.

Stéphane Thidet Maubuisson
Un peu plus loin © Marion Benoist – Courtesy de l’artiste et des galeries Aline Vidal et Laurence Bernard

L’œuvre D’un soleil à l’autre exposée salle du parloir constitue une expérience sensorielle qui offre de se reconnecter avec les origines et le cosmos. Plongé dans l’obscurité, le spectateur fait face à deux gongs vibrant à partir des fréquences émises par les planètes, notamment celles du soleil, elles-mêmes captées de nuit, et diffusées le jour grâce à une antenne radio installée dans le parc de l’abbaye.

Les productions de Stéphane Thidet sont le plus souvent issues de ses observations. Ainsi, la vue d’arbres ancrés dans un substrat improbable lui inspire Insomnies, des gattiliers, ou « arbre au poivre », l’arbre des moines, qui sortent de matelas placés sur six lits dispersés dans la salle du chapitre.

Stéphane Thidet Maubuisson
Insomnies © Marion Benoist – Courtesy de l’artiste et des galeries Aline Vidal et Laurence Bernard

Conçue comme un parcours initiatique, l’exposition intègre des matériaux bruts (la terre, l’argile, le bois, les végétaux, la pierre) pour la difficulté qu’ils apportent et auxquels l’artiste aime à se confronter. Elle associe également des éléments non préhensiles et maîtrisables tels que le son, l’émission des ondes électromagnétiques des planètes, l’action du temps sur les matières qu’elles soient minérales ou végétales.

Si l’art permet à chacun de vivre des émotions, s’il aiguise les perceptions et nourrit l’imaginaire, s’il est un moment de plaisir et de partage, les installations de Stéphane Thidet sont autant de paysages mentaux et poétiques propices au voyage et à la rêverie.