Debout, les femmes !

Publié le 21 décembre 2018

L’association Du Côté des Femmes est née, dans les années 80, d’une volonté : établir l’égalité entre les femmes et les hommes. Un combat toujours d'actualité.

Dans les années 80, les militantes du Planning familial de Cergy – situé dans la Tour bleue – veulent faire bouger les lignes. Elles dénoncent le manque de lieux d’accueil pour les femmes et les stéréotypes, encore profondément ancrés, selon lesquels « les femmes doivent servir les hommes et élever les enfants et non pas exister en tant que femmes », se souvient Betty Fournier, l’une des fondatrices et ancienne coordinatrice de l’association Du Côté des Femmes. Le constat est d’ailleurs sans appel : « malgré les évolutions de la société, les femmes ont beaucoup de difficultés à trouver leur chemin vers l’autonomie ». C’est la rencontre avec une victime de violences conjugales qui déclenchera une prise de conscience collective. « La détresse de cette femme et l’absence de réponses juridiques et sociales étaient révélatrices de l’ampleur du problème ». Et lorsqu’il s’agit d’agir, les militantes du droit des femmes ne sont pas du genre à tergiverser.

Le combat pour l’émancipation

« Notre objectif est alors d’ouvrir un accueil de jour. Un lieu qui permette aux femmes de s’exprimer, de sortir des violences et de gagner en autonomie. Nous avons trouvé des locaux près de la gare à Cergy, mais il nous manquait des financements. Les premiers sont venus de l’État. Mais quand le Conseil général a refusé de nous aider, nous sommes montées au créneau. On y croyait et rien ne nous arrêtait. Nous n’avions peur de rien ! Pour faire pression, nous avons fermé le centre et déporté tous les appels entrant sur la ligne directe du vice-président des affaires sociales du Département. C’est comme ça que nous avons eu gain de cause », raconte Betty Fournier.

Libérer la parole, rompre la solitude

Du Côté des Femmes est créée le 1er mai 1984. Ouverte à toutes les femmes, l’association propose un lieu d’accueil et d’information sur toutes les questions d’ordre juridique, social et psychologique. « Dès l’ouverture, les femmes ont afflué. Le besoin d’écoute était énorme », constate l’ancienne coordinatrice. La méthode est novatrice : le suivi individuel ne se fait pas en tête à tête, mais en trio. « Les entretiens sont toujours menés à deux, avec une militante et une professionnelle, afin de maintenir un équilibre et éviter le risque de prendre l’ascendant. Nous organisons aussi des ateliers collectifs, car ils permettent de rompre la solitude », explique Betty Fournier. La Maison des femmes – ainsi appelée par les femmes – est un lieu ressource, un espace de rencontres et de débats. Une cafétéria est aménagée pour faciliter les échanges et animer des temps de partage entre les femmes.

Sur tous les fronts

Du Côté des Femmes défend les valeurs de féminisme, de laïcité, de solidarité, de respect et d’émancipation. À côté du service d’hébergement dédié aux femmes victimes de violence conjugale et à leurs enfants, se monte, en 1990, un service d’accompagnement à la recherche d’emploi et de formation professionnelle. L’association se développe et crée, en 1995, une structure similaire à Sarcelles. Aujourd’hui, Du Côté des Femmes regroupe 40 salariés et 20 bénévoles. Elle a accueilli près de 5000 femmes, formé 250 professionnels et sensibilisé 450 jeunes. La société a changé, mais les batailles d’aujourd’hui sont les mêmes qu’il y a trente ans. Alors le combat continue !

Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.ducotedesfemmes.asso.fr

Grande & petites histoires

Brigitte Chabert, directrice de l’association Du Côté des Femmes

« Notre combat est celui de l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour y arriver, il faut lever les freins. Le premier est l’accès à l’emploi. C’est pourquoi l’association accompagne les femmes et les encourage à aller vers les métiers dits « techniques », comme ceux du bâtiment, du transport, du numérique ou de la sécurité. Pourquoi ? Car ils permettent aux femmes de s’affirmer et de retrouver leur pouvoir d’agir. Dans cette optique, nous proposons aussi des ateliers d’estime de soi.

Ce que les femmes appellent la « Maison des femmes » est un lieu ressource, créateur de liens et de projets. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’est né le journal « Les Voix-Zines ». En donnant la parole aux femmes, il contribue à changer le regard de la société. La prévention et la sensibilisation contre les violences faites aux femmes sont bien sûr au cœur de notre mission. Nous formons les professionnels de la petite enfance et intervenons dans les écoles, les entreprises, mais aussi auprès des collectivités. Nous disposons également d’une permanence d’écoute et d’orientation sans rendez-vous – à Sarcelles, Goussainville et Villiers Le Bel. Lorsque l’urgence l’impose, les femmes – et leurs enfants – peuvent être hébergés. Notre accueil de jour accompagne les femmes à la rue dans les besoins dits primaires : se laver, manger, dormir. De manière générale, l’association est très sollicitée et le mouvement #MeToo rajoute à la charge de travail. Afin de répondre aux besoins du territoire notre objectif est de  développer l’offre de formation, trouver de nouvelles places d’hébergements, et continuer pour que les femmes s’affirment et deviennent des femmes debout ! »